Je n'ai rien raconté de ma semaine. Alors on va un peu le faire, car ma semaine a été plus que merveilleuse, et je dois remettre les plus beaux moments de mes jours d'internat, car malgré un état un peu déprimé, je n'ai jamais été aussi bien et intègre dans un groupe.

You got me lifted shifted higher than a ceiling; And ooh wee it's the ultimate feeling; You got me lifted feeling so gifted; Sugar how you get so fly? ...

Des ces trois jours d'internat, je retiendrais surtout la fatigue. J'ai dormi environ deux heures par nuit, on se couchait vers 4 h du mat' et on se levait vers les 6h30. Avec tous la même tête, des cernes, de la fatigue, mais le sourire. C'est vrai que dans ces conditions on était tous un peu sur les nerfs, mais bon, on résistait. Il fallait résister pour pas que les formateurs nous tuent vraiment.

Je ne pourrais pas dire quel moment j'ai préféré. J'ai été surprise de voir notre internat et notre cantine. Très moderne, très bonne. Et pis, l'ambiance. En début de semaine, personne ne se connaissait, à la fin, on était tous très lié. On se supportait sans aucun soucis, alors qu'en début de semaine, on avait tous un peu peur de se haïr. Mais bien au contraire.

L'internat m'a permis de passer beaucoup de temps avec Clément et Julien. Je pense que maintenant, on a des bases solides d'amitié. Avec Julien en tout cas. C'était mon confident préféré, et on se faisait mutuellement confiance. Et dire qu'un mec aussi bien est dans mon groupe de théâtre depuis plus de 5 mois, et que je ne lui avais presque pas parler.

Pour Clément, c'est autre chose. On a la même passion : la musique. D'ailleurs, on chantait tout le temps. C'était à celui qui répondrait le mieux à l'autre. "Happy Days" a été vu et revu, "Suga Suga" de Baby Bash, devenait de la grande musique et mon "Pouvoir des Fleurs" était un hymne à la virtuosité. Bref, avec Clément, c'était une extase totale. Les massages sur ses épaules de sportif... Les câlins quand j'allais pas bien, les chamailleries, les batailles de polochon, les regards appuyés, les encouragements, la participation totale à nos deux projets, les batailles de peinture. Une voix super belle, langoureuse, on se complète au niveau des voix. Oui, j'étais bien.

Ne pas répondre au téléphone, vivre selon le rythme qu'on l'entend. Les batailles de peinture, à me retrouver toute kaki. Chanter, danser, être de bonne humeur. Chanter encore et toujours, chanter de tout son coeur, de toute sa voix, chercher l'émotion chez l'autre. Retrouver mes premiers amours : la musique. Danser jusqu'à ce que les jambes vous lâchent. Courir, pour que le souffle vous quitte.

Les enfants. Chaque matin, qui vous courent après pour vous faire la bise " Comment tu vas?" Les connaître, les voir sourire, rire. Être toujours là  pour eux. Je serais tellement heureuse de les avoir cet été. Je m'occupais d'eux le midi, on parlait de leurs amoureux, de leurs envies. Clément était toujours avec moi, et ils nous posaient plein de questions. On riait tous les deux.

Le groupe. Je me suis complètement intégrée dans le groupe des mecs. Extra. Je me suis intégrée par la force, au début, puis par la patience et la douceur après. Il fallait que je me fasse respecter, pour ensuite être considérée comme un mec. On ne m'a pas sorti des blagues dégueulasse, mais on se confiait. Avec les filles, c'était autre chose. Elles étaient très préoccupées par leurs apparences. C'était tout l'un ou tout l'autre. Et puis, elles racontaient leurs histoires de cul/d'amour, durant des heures, et moi, j'avais pas envie de parler d'Amaury ou de Thomas. Personne ne savait que j'avais un mec, sauf Julien et Clément. Et Clément l'a appris par Julien. Donc j'écoutais, et je m'effaçais régulièrement avec les filles. Avec les mecs, j'étais moi-même.

Les formateurs. J'ai deux nouveaux potes, de 20 ans. Ils m'ont formé à être animateur, on doit se revoir. L'un pour la musique, l'autre pour aller boire un coup. Ils sont extra mon Alex et mon Fred. J'espère que la fête qu'on doit faire avec eux, se déroulera comme prévu.

Samedi matin, j'ai pris mon petit-déjeuner en plein soleil. Seule, avec Muse dans les oreilles. Je pouvais être seule, quand je le voulais. Et cela, j'appréciais. Je pouvais m'intégrer quand je le voulais et je pouvais sortir du groupe comme ça, sans problème. Ainsi, ça passait. Un coup avec tout l'monde, un coup seule dans la foret. Cela m'a permis de faire une totale remise en question sur ma petite personne.

Ce n'était pas très joyeux au début. Et puis, je crois que je me connais de mieux en mieux, que je commence à comprendre comment je réagis, qu'est ce qui m'attire. Je commence à sentir totalement mon caractère. Ca me fait peur. Je me rends compte que j'ai beaucoup d'ambition et que des fois, pour favoriser ma personne, j'oublis les autres. Je suis un pur produit capitaliste. Je hais ce genre de personne et j'en suis une. Je suis très sûre de moi, trop sûre parfois. J'ai confiance en moi, mais pas dans les autres. Je suis terriblement perfectionniste. Même un peu égoïste. Je me mets en avant en oubliant les autres. Je pense que je cache une certaine timidité, peur de moi-même ainsi. J'ai peur d'être déçue. Encore. Je me cache sous ce masque d'ambition totale et de confiance en moi.

Mais le fait que je craque d'un coup, que je peux être mal, très mal, pendant de longs jours, prouve que je suis terriblement fragile, mais que je ne veux pas le montrer. Je suis fragile, et personne n'a vraiment compris cela.

Je retiens. Tout de cette semaine. J'ai mesuré mes progrès. En trois ans, j'ai changé définitivement. La petite fille qui n'osait pas s'imposer est presque devenu un imposant chêne qui se mets partout pour qu'on l'a voit. J'ai souffert de ne pas être vue, maintenant je rattrape, et ça me fait peur. Je m'expose. On dit que je vis enfin. Je n'en suis pas si sûre. J'ai plus trop envie de sortir, d'être ce que je suis, j'ai envie de voir Clément aussi...

Tout cela passera. Le fait d'avoir vécu une semaine seule avec moi-même, cela fais réfléchir. Et puis, rencontrer des nouvelles personnes donne de nouveaux horizons. Clément on verra. J'attend qu'une semaine soit passée, tout simplement parce que pendant trois jours on s'est pas quitté. Je peux pas juger, si ce mec sera important dans ma vie ou pas ... Il a une place en tout cas.

Je me cherchais, je me suis trouvée.