Maman ou Génitrice,

      Je t'écris car la situation ne peut plus durer. Cela fait trois mois qu'on se fait la guerre. Et encore je suis gentille. Non pas que mes résultats scolaires soient mauvais, j'ai atteint la vitesse de croisière que tu espérais tant, non pas que j'invite n'importe qui à la maison, mais bien parce que je grandis et que je commence à penser par moi-même et que je crie au scandale régulièrement lorsque tu m'interdis telle ou telle chose. Alors, aujourd'hui, je n'ai plus le droit de sortir le soir, je n'ai plus le droit de revenir tard après les cours. Tu veux tellement contrôler ma vie et que tu as demandé mon emploi du temps à la vieille de notre bahut... Tu n'avais que ça à faire?

       Tu as vu Amaury. je ne veux pas savoir ce qui a traversé ton esprit. Des conneries j'en ai fais, tu n'en sais aucune, et c'est aujourd'hui où je suis assagie que tu viens me faire la morale sur mon avenir, seulement je sais déjà que je joue mon avenir. Parce que, oui, pendant les vacances d'été j'aurais pu très mal tournée. Notamment avec la gent masculine. Mais heureusement, on m'a freiné, et celui qui m'a freiné c'est Amaury. J'aurais pu continuer à enchaîner les mecs comme je le faisais, sans que toi tu t'en préoccupes. Alors aujourd'hui, tu resserres l'étau, seulement tu resserres l'étau alors que j'ai VRAIMENT besoin de lui. Ca ne sert strictement à rien, sauf à faire augmenter ma colère, et le fait que je veuille vivre chez mon père. De toute façon, tu le sais, avec Papa , je fais ce que je veux, mais je suis dans une période où je me régule seule. Pendant les vacances je ne sors pas tous les soirs, et tous les week-end, je ne suis pas obligée de sortir. Papa, lui, a bien compris que je m'auto réguler. 

       Alors, oui, je t'ai menti, plus d'une fois, mais parce que justement l'étau était trop lourd et que j'avais besoin de ma liberté. Aujourd'hui j'en paye les conséquences, j'assume. Le fait que tu veuilles tout savoir de ma vie, alors que pendant 10 ans, tu ne te demandais pas ce que je faisais, oui, ça me fâche. A 17 ans, je discerne le bien et le mal, et j'ai vu plus des choses que tu ne le penses. Le Grand Méchant Loup m'a déjà mangé. Les drogues ? Je paris que je t'étonnerais. Non je ne fume pas, non je ne me drogue pas. Oui je bois de temps en temps, et oui je prend du plaisir. Tu aimes répéter que les hommes me perdront. T'inquiète je l'ai déjà compris, d'ailleurs cela me fait penser que je dois casser la gueule à l'un d'entre eux. Alors, à 17 ans, on n'est pas une femme, on a encore besoin de sa mère. Je le sais, tu m'as manqué durant cette semaine où tu étais au ski. Mais j'ai un pied chez les adultes, et justement tu n'arrives pas à le comprendre.            

       Tu ne me fais plus confiance, tant pis, c'est moi qui paye. Mais je bouillonne régulièrement, et je me demande même ce que je fais encore chez toi. Seulement, je n'arrive pas à détacher de toi. La psy avait raison. Tu sais celle que j'ai vu à 13 ans. "Tu auras du mal à te détacher de ta mère, vous avez une relation trop fusionelle". J'ai ris ce jour-là. Aujourd'hui je ne ris plus. C'est dur. Trop dur. Alors continue cette guerre. Continue à faire que je ne sorte pas, à contrôler mes déplacements, mets moi une balise Argos, de toute manière, cela ne fait que commencer. On se détruira, je le sais. 

       Mais Je t'aime Tite Maman.