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Scrunch c'est quoi ?
Décédée sur ce joueb pour raisons diverses

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Un si doux prénom...
--> Comment comprendre ?

Cela m'a fait drôle hier soir. Mon père a parlé. A table. On s'est mis à parler "famille". Enfin pas la nôtre, la dernière fois qu'on a parlé de son divorce avec Maman, ma haine était tellement forte, que je pense qu'il a eu peur. Donc on évite le sujet. D'habitude, quand on mange, il y a un silence religieux. Tellement religieux, que je n'ose regarder mon père qui est en face de moi, je regarde donc le lapin, qui est derrière lui. Ca fait mieux. Ca fait plus poli.

Alors, hier soir, on a parlé. Des mutations de la famille, des relations parents/enfants, de la socialisation, du métier de parent. En discutant de ce sujet, je touchais fortement la question de ma mère. Je suis première de ma classe, avec 14.6 de moyenne, elle devrait être fière. Elle ne m'a dit qu'un léger "ah' et à changer de sujet. Peut-être que sa fierté a été touché. Je réussis alors que je suis en période de "délinquance" comme elle aime le dire. Je ne sais pas, elle est bizarre. Je ne demanderais pas plus de sortir, de toute manière, elle ne voudrait pas. Mon père lui est plus qu'enthousiaste. Il m'aurait sauter au cou, si je n'avais pas 17 ans révolu. " tu es une jeune fille maintenant". Oui je sais Papa, mais j'ai quand même le droit à un câlin.

On a parlé politique. Ce sujet que j'adore, qui me passionne. Il m'a dit de mettre dans mon programme électoral le contraire de ce qui se fait aujourd'hui : raccourcissement de la durée de travail. Une fois le baby-boom passé, on pourra se la couler douce qu'il a dit. J'ai ris.

J'ai relu mon article de tiroir. J'ai complètement expliqué ce que je ressentais. Je pourrais parler aussi des sphères. Je parle depuis tellement de temps de sphères, que je ne sais comment je pourrais l'expliquer. Pour faire simple, je pense que la vie est composée de plusieurs sphères, dans lesquels on a un comportement différent tout en restant fondamentalement le même. Sphère "amis", "amour", "famille". Enfin j'ai pas envie spécialement de parler de ça aujourd'hui. Pas le jour, pas le moment. Pas envie de revenir dans mes pensées profondes.

Aujourd'hui, je suis morose. Non pas que la journée sera mauvaise en elle-même. Juste que c'est pas le jour. Il y a un an j'ai tellement souffert, que tu partes, Tonton, que je crois que je craindrais toute ma vie ce 10 Mars.

Quand mon père est parti, que j'étais seule avec Maman, dépressive, Tonton, tu as été mon papa, par substitution. Tu m'as appris à conduire des tracteurs, tu m'as emmené à la montagne, au ski, en randonné, tu m'as appris la campagne. J'ai appris à cuisiner à l'ancienne, j'ai appris à faire les foins. La partie de rigolade cet été-là. Les foins à l'ancienne. Avec la faucille et tout. Unique. Un vrai été, un été de gamin, d'enfant, d'enfance. Et pis surtout, tu restais en contact avec Papa, vu que c'était devenu ton meilleur ami.

Alors oui, ce Lundi-là, quand le téléphone a sonné et que Maman est parti en courant à l'hôpital, et que je ne savais pas encore ce qui c'était passé, je suis allée un peu anxieuse en cours. Mon heure de chimie sur les forces avait été dure. Le pire avait été mes trois heures de français. Et puis quand je suis revenue à la maison. Toujours personne. Juste 21 messages sur le répondeur. Je vois encore le répondeur clignotait. "Vous avez 21 messages". Je n'avais pas envie d'écouter ces messages. Alors j'ai téléphoné à Maman, qui en répondait toujours pas. Le téléphone sonne. Un cousin éloigné de Maman : " Alors il parait que le Pierre est mort?". [ ... ] C'était dit. "Je dois raccrocher, Maman vous rappellera dans la soirée, excusez moi". Je raccroche. Une larme. Puis deux. Et puis ce cri. je ne pensais pas que je pouvais crier ainsi. Je crois que je n'avais jamais entendu cette voix. Ce cri, ce déchirement. Et ma soeur arrive. Je suis par terre, effondrée. Je pleure, je hurle, je hais.

Et puis Maman arrive. On pleure. Tonton, tu es mort, à la clinique alors que tu avais emmené Pépé pour sa première Chimio. Pépé est vivant, toi tu es mort à côté de ton Papa, dans la clinique. Alors, oui, ça fait mal, très mal. Toi qui était mon Tonton préféré, et qui savait exactement ce que j'ai ressenti durant ces 4 années de dépression. Oui, j'ai perdu un être formidable, le seul être de ma famille qui avait été là avec mes soeurs, quand j'étais plus que bas. Je t'ai perdu. Alors maman m'a dit " Dieu l'a rappelé près de lui". Moi j'ai rien dis. Je ne lui ai pas encore dis que Dieu et moi, on était plus pote depuis longtemps. Ma soeur n'a presque pas pleurer, plus aucun rapport avec les membres de la famille.

Le 12 Mars, ton enterrement. Encore une épreuve. Pas mon premier enterrement, non, mais bon, c'était le tien. Alors j'avais mis mes grandes boites noires, ma jupe fendue prune que tu aimais, mes collants noirs et pis ma veste noire. Et je t'ai accompagné. Ma soeur m'avait dit de ne pas pleurer, pour Maman. J'avais regarder les prés avec les chevaux avant d'entrer dans l'église. Les chevaux avaient le cou bas. J'étais forte au début. Je me suis mise dans un coin de cette toute petite église. De cette église de campagne. Et puis, quand la cérémonie a commencé, que ta fille a parlé, ton fils avec ton petit fils, alors là, oui, j'ai pleuré. Que Tata est tombé devant l'autel. Oui, j'ai pleuré, plus fort que les autres. J'aurais aimer crier contre ce bon Dieu qui prend les êtres que j'aime. J'étais secoué de sanglots, et je n'attendais qu'une chose, que la cérémonie se finisse. Mon autre soeur, puisque l'autre n'avait pas été désiré à cette enterrement, m'a prise avec elle. Je pleurais. Toujours. Tu me laissais seule.

Ils ont pris le cercueil, les nuages étaient bas, la pluie tomba doucement, les parapluies s'ouvrirent. Tata marchait avec tes enfants, et puis, nous la famille, on était derrière. Quand tu as été mis dans ce trou, Tata a voulu te rejoindre. Mais, ton frère était là pour l'en empêcher. Quand j'ai vu ce grand trou, là où tu allais vivre, là où tu allais être poussière, j'aurais aimer le refermer, et faire que tu sois en vie. Ce trou était immonde. Et il pleuvait encore et toujours. Je jetai ma rose. C'est fini. Pour de bon.

La famille ne serait plus jamais la même. Et je pense encore te voir, quand j'aperçois une laguna au loin. Seulement tu es mort, et je n'arrive toujours pas à le croire.

Au bout d'un an.

Sorti des méandres de Scrunch, le Mercredi 10 Mars 2004, 14:11 dans mon foure-tou"Les jours qui m'ont marqués.".
Balancez des fleurs et des strings à l'auteur ! ( Les tomates aussi ..)