(écrit 29 février 2004 au soir ) 19h30. Je sonne. Maman m’ouvre. Je monte les deux étages de notre immeuble des années 70. Je ne peste plus maintenant. Mon père vit dans une maison de pierre avec un grand jardin, nous dans un HLM avec une belle pelouse. Avantage : je suis en plein centre-ville et en face de mon lycée. Maman et moi, on ne parle pas.

" T’as fais quoi aujourd’hui ? "  " Je suis sortie, tu sais très bien que Amaury n’était pas là ". C’est reparti. Cinq jours à se taper dessus. Je regrette déjà le silence de Papa. Au moins, on ne se fait pas de mal. "  Tu as travaillé ? " " Oui j’ai terminé ma dissert d’éco ". Je dois vider mon sac, je réfléchis. Je suis perdue, je ne trouve pas mes repères. Chez maman, je dois faire attention à tout. Elle a une phobie des microbes. Je prend mon manteau. Je me lave les mains. Je mets des habits décontractés. Je me lave les mains. Je prend mon portable que j’essuie. Je me lave les mains. Je vais dans ma chambre. Je pose mon sac sur un drap. Attention. Piège. Un côté est propre l’autre non. On mets le côté sale du côté du sac. Je vide le sac. Je plis le sac dans le drap. Je le mets dans un coin. Je me lave les mains. " Tes produits de beauté oublis pas de les laver " " Oui je sais ". Je prend ma trousse de toilette, je fais couler de l’eau dans le lavabo, le chat me saute dessus  " Salut la grosse ". Nous avons le chat le plus propre de la terre. Je me demande comment il fait. Je lave mes produits de beauté. Je les essuie. Je lave le lavabo. Je me lave les mains. Je me suis lavée les mains plus de cinq fois. C’est le nombre de fois que je le fais chez Papa : en rentrant à la maison, en sortant des toilettes, en mettant mes lentilles, avant manger. Chez Maman, je me lave les mains après toutes actions qui touche une chose qui vient en dehors de l’aura de l’appartement. Les courses. C’est un enfer. Je ne me mêle plus de sa salade. Je l’accompagne en courses, où elle rouspète après tous les produits "  regarde moi comme c’est sale ". On mets les courses dans la voiture. Avec un drap. On remonte les courses. Et là, c’est l’enfer. Chaque produit va être nettoyés. Les yoghourts. Pire que l’enfer. Tu enlèves le carton du yaourt, et, après, tu laves le yaourts séparément. Mais avant de les laver, faut te relaver les mains parce que tu as touché le carton. Je vis avec ceci depuis que je suis petite. Et si je vous dis, que la première fois que je suis allée chez des copines, que j’ai vu qu’ils mettaient les yaourt ds le frigo sans les avoir laver, relaver et rerelaver, j’ai été choquée. Je disais que chez mon père c’était sale, parce que ma belle-mère ne lavait qu’une fois le tour des yahourts. Ce que je trouve maintenant normal. Je n’ai pas encore dit à ma mère qu’elle était atteinte d’un TOC. On va éviter le traumatisme. Je me rappelle, le jour où , toutes les deux, on a vu une émission de Jean Luc Delarue qui parlait des Toc. Pour ceux qui ne connaissent pas cette chose Toc = Troubles Obsessionnelles Compulsif. Et bien, ma mère m'a dit " ah non je ne suis pas comme ça! Oula ils sont malades ces gens!"...

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